PubGazetteHaiti202005

Haïti / Covid-19 : Décès d’un détenu au Pénitencier National, le RNDDH accuse le chef du CSPN Joseph Jouthe  

Pierre Esperance, Directeur executif RNDDH

 

Incarcéré à la Prison civile de Port-au-Prince, Jacques Baudelaire, 72 ans, propriétaire de l’entreprise « Uco bureau d’échange » est mort jeudi 29 mai des suites du coronavirus. Le Réseau National de Défense de Droits Humains (RNDDH) monte au créneau pour dénoncer le laxisme des autorités étatiques face à la gestion de la maladie, notamment dans le milieu carcéral haïtien.  

En effet, l’homme d’affaire partageait sa cellule avec l’ex député  Anthony Dumond accusé de viol sur mineure et Clifford Brandt condamné pour kidnapping. Des démarches ont été en vain entreprises pour qu'il soit dépisté, le lundi 25 mai 2020.

Le RNDDH préoccupé par la mort de Jacques Baudelaire et  la situation des prisonniers de la Prison civile de Port-au-Prince en cette période de pandémie du coronavirus.

Dans une interview accordée à Gazette Haïti, le directeur exécutif du RNDDH, Pierre Esperance rend le gouvernement responsable de la mort de Jacques qui, selon lui, est victime de la mauvaise gestion de la Covid-19 en Haïti, particulièrement dans les prisons. 

Il en a profité pour exhorter une fois de plus les autorités à prendre des mesures pouvant limiter les dégâts et éviter la propagation du virus dans les centres carcéraux. 

Rappelons que dans une lettre datée du 20 mai 2020  adressée au Président du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), Jouthe Joseph, le RNDDH avait sollicité l’intervention immédiate des autorités en vue d’évier la propagation de la Covid-19, à la prison civile de Port-au-Prince, où sont incarcérés trois mille cinq cent cinquante-cinq (3555) détenus dont quatre-cent-un (401) condamnés. 

Pierre Esperance regrette que le chef du CSPN ait fait fi de sa demande car jusqu’à présent aucune campagne de dépistage n’a été opérée dans les prisons. Même les  49 détenus incarcérés à la Prison civile de Port-au-Prince présentant des signes de fièvre et de grippe n’ont pas été testés à date. 11 de ces cas suspects ont été testés positifs, rappelle-t-il.  Le RNDDH déplore aussi que ses recommandations pour dégorger les prisons n’aient pas été prises en compte par le gouvernement haïtien .

Selon les informations détenus par le RNDDH, à date, à la Prison civile de Port-au-Prince, aucune prise en charge des détenus malades n’a été assurée par le Ministère de la Sante Publique et de la Population (MSPP). Et, aucune mesure n’a été adoptée par les autorités étatiques en vue de protéger tous les détenus de ce centre carcéral notamment ceux qui ne sont pas malades à savoir : les agents-tes de la DAP, le personnel de Santé ainsi que tous les autres travailleurs-euses civils qui fréquentent la prison », peut-on lire dans cette lettre d’avertissement portant la signature de Pierre Esperance adressée au premier ministre. 

Pour faire face à la Covid-19, le RNDDH avait lancé un cri d’alarme et invité Jouthe Joseph, à mettre en place rapidement une stratégie de gestion efficace de la maladie pour éviter le pire. Il a fait les recommandations suivantes: 

-Faire tester toutes les personnes qui étaient en contact avec les détenus atteints de Covid-19 ;

-Passer les instructions pour une bonne prise en charge médicale des détenus ;

-Octroyer des moyens matériels et des produits adéquats pour l’assainissement de l’espace pénitentiaire ;

-Octroyer des matériels de fonctionnement aux agents-tes et au personnel médical affectes à la prison civile de Port-au-Prince : gants, masques spéciaux, lunettes de protection, blouses spéciales ;

-Limiter la circulation des personnes ainsi que la réception des produits et nourriture de la part des parents des détenus incarcérés a la Prison civile de Port-au-Prince ;

-Renouveler régulièrement les stocks d’aliments pour une période minimale d’un (1) mois et de manière à permettre de diversifier la nourriture offerte aux détenus de la Prison civile de Port-au-Prince ;

-Adopter des mesures concrètes en vue d’éviter la propagation de la Covid-19 dans les autres carcéraux du pays.

Il convient de rappeler que Jacques Baudelaire était écroué le 3 novembre 2017 pour plusieurs charges, dont détournements de fonds, faux et usage de faux, association de malfaiteurs, faux en écriture privée. 

 

Par Billy Doré

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